anarchy archives

Home

About Us

Contact Us

Other Links

Critics Corner

   
 

The Cynosure

  Michael Bakunin
  William Godwin
  Emma Goldman
  Peter Kropotkin
  Errico Malatesta
  Pierre-Joseph Proudhon
  Elisée Reclus
  Max Stirner
  Murray Bookchin
  Noam Chomsky
  Bright but Lesser Lights
   
  Cold Off The Presses
  Pamphlets
  Periodicals
   
  Anarchist History
  Worldwide Movements
  First International
  Paris Commune
  Haymarket Massacre
  Spanish Civil War
  Art and Anarchy
  Bibliography
  Timeline
   
   
   

Collected Letters of Elisée Reclus

Reclus and the Commune

Elie a raconté, dans son Journal de la Commune (1), la participation des frères Reclus à la terrible guerre civile de 1871.

Le 4 avril, ils étaient partis trois à l'heure du rappel. Elie ayant, nous l'avons dit, une main endommagée, ne pouvait servir un fusil, mais il se proposait de porter le sac des hommes fatigués, au besoin de ramasser les blessés... Ses frères le précédant, il les perdait de vue. Vers le soir, il rentre chez lui, les autres ne sont pas rentrés... il les attend vainement. Où sont-ils?... On s'informe de tous côtés... Voici ce que raconte le capitaine de laur bataillon:

"L'ordre nous fut donné hier à quatre heures du matin de partir en éclaireurs pour Châtillon, subito. Eclairer quoi? Aller où? Par quel chemin? Eclairer comment? A qui faire son rapport? Et des munitions?

"- Ah! que d'exigences. Allez à Châtillon, immédiatement, vous dit-on.

"- Soit!

"- On prit une route quelconque. Tant bien que mal, on arriva aux alentours de Châtillon; de ci de là, on s'y promenait. Dès le jour, des gardes nationaux affamés, et encore plus altérés, se répandaient dans les guinguettes du voisinage et s'y attablaient. Quant aux infatigables, quant aux zélés, à leur aise, ils patrouillaient par les chemins. Je poste quelques hommes, vos deux frères parmi, dans un ancien trou de Prussiens et combine mes rondes. Je ne suis pas longtemps sans flairer des Versaillais. Les hommes ne restent pas longtemps dans leur trou et courent derrière un de leurs sergents qui, apercevant un drapeau rouge à travers les arbres: "Les camarades sont dans la redoute làbas. Qui m'aime me suive!"

"- Déjà les balles commencent à pleuvoir, Un de vos frères s'attarde à ramasser un blessé. Plusieurs bataillons versaillais débusquent; ils avancent au cri de "Vive la Rvépublique!" Feinte ou non, les Parisiens le prennent pour sincère, répondent "Vive la Rfépublique!" et se laissen approcher en mettant euxmêmes la crosse en l'air. Quand ils sont presque à portée de baïonnette, les prétendus amis leur disent: "Vive la Rvépublique, c'est bel et bien, mais rendez-vous!" Nos Parisiens, enveloppés par des forces quintuples ou décuples, essaient encore de résister, mais quelques minutes à paine, ils étaient bousculés, renversés, tués, blessés ou prisonniers. La mêlée fut trop courte pour avoir été très sanglante. Mais que sont devenus vos frères? Je ne puis vous le dire.-

Elie et les siens courent aux ambulances: on interroge les quelques gardes nationaux qui ont eu la chance de revenir; on écrit de tous côtés... Au bout de plusieurs jours d'angoisse et de recherches vaines, on apprend enfin que le plus jeune des frères est resté parmi les ambulanciers, qu'Elisée a été fait prisonnier et emmené par les Versaillais...

"- Je rougis de honte, je tressaille de colère en apprenant comment ces immondes Versaillais ont traité leurs prisonniers.

"- On faisait défiler par les rues de la capitale rurale, parader devant le beau monde des promenades, ces malheureux, leurs vêtements déchirés dans la lutte, épuisés par l'insomnie, harassés par une longue marche au grand soleil, par la fatigue de plusieurs jours, par la douleur. Accueillis par l'insulte, on se précipitait sur eux pour les dévisager, pour leur lancer de plus près quelque ignoble raillerie. Parmi eux, il en était de blessés et de sanglants -- ils recevaient des malédictions plus encore que les autres. Ces hommes avaient les mains liées, et les gandins qui, la veille, n'eussent point osé les affronter, leur erachaient maintenant contre la bouche et les yeux, et les belles dames avec leurs ombrelles tapaient dans ces figures baignées d'une sucur d'angoisse. Un vieillard, un vieillard à cheveux blancs - on est infâme à tout âge -- déchargeait des coups de canne sur les têtes nues, et on lui criait bravo! bravo! Deux jeunes gens s'approchèrent du vieillard lui firent des remontrances à voix basse. Alors une dizaine d'anciens sergents de ville ou mouchards en disponibilité se ruent sur les jeunes gens que huait la foule et les entraînent en prison.

"- L'ignoble Picard, le boursicotier engraissé, a tripoté dans ces ignominies. Tout aussitôt, il a affichvé et télégraphie:

"- La cavalerie qui a escorté les prisonniers a en la plus grande peine, à son entrée à Versailles, à les protéger contre l'irritation populaire. Jamais la basse démogagie n'avait offert aux regards affligés des honnêtes gens des visages plus gnobles -.

"- Parmi eux était l'homme que j'aime, que j'estime et que je respecte le plus au monde (1).-

(1) Elie Reclus, Journal de la Commune.

ANARCHY ARCHIVES

[Home]               [About Us]               [Contact Us]               [Other Links]               [Critics Corner]